Culpa

Un discours tel que celui du développement durable, auparavant appelé plus grossièrement écologique, a un grand avenir devant lui. Il recèle en effet un potentiel culpabilisateur que pourraient lui envier de nombreuses religions.

Qui en effet, quel citoyen, quel homme quelle femme un tant soit peut libre responsable et digne, qui donc oserait ne pas condamner le mal ? Le mal étant de ne pas sauver la planète. Nos enfants, pensez donc !

Car le changement climatique, la montée des eaux, les migrations énormes, et fatalement les guerres... la guerre de l'eau ! Ne serait-ce pas un désastre? Aujourd'hui, nous qui vivons en paix, ce monde où personne ne fait la guerre, ni pour le pétrole ni pour l'uranium ni pour le pouvoir, tout cela, brisé, fini, la guerre de l'eau !

De là à cesser de consommer librement et dignement les produits merveilleux dont on n'est même pas certains qu'ils nous donneront le cancer sur trois générations, il y a un fossé à ne franchir pas.

En revanche, on mettra à profit les vertus inquisitoires du discours susmentionné pour aller tisonner le mal intrinsèque incurable et bien connu des âmes dominées, car le mal est en vous. Il suffit, chef, d'arriver drapé dans le discours du développement durable l'humanité notre mère la Terre nos enfants les pays pauvres les pauvres pays les enfants des pays pauvres, et d'insidieusement accuser chacune et chacun des employés... On fera vite le tri là-dedans (les rebelles, les meneurs, les lâches, les obséquieux, les traîtres). Sans compter qu'il y a l'Éthique et que je me demande bien s'il n'y a pas des fauteurs parmi les employés.